Scrutin présidentiel du 28 décembre 2025 : interpellé dans un bureau de vote à Gouéké, un rapporteur du Bloc libéral indexe les autorités locales
Comme annoncé précédemment, les guinéens se sont rendus aux urnes hier dimanche 28 décembre 2025 pour élire leur prochain président de la république. Si la journée électorale s’est globalement bien passée dans la plupart des circonscriptions électorales du pays, des irrégularités ont été signalées par le Bloc Libéral (BL) du candidat Faya Lansana Milimono, c’est le cas notamment à Guéckedou, GBessia-Port (Conakry) et dans la sous-préfecture de Gouéké (N’zérékoré).
En ce qui concerne Gouéké, c’est Étienne Loua Bolamou, membre du bureau politique national chargé de la formation, de l’éducation et de l’agriculture au Bloc Libéral et rapporteur régional de l’élection présidentielle au compte du parti qui a été interpellé dans la soirée du dimanche alors qu’il photographiait des procès-verbaux après le dépouillement dans un bureau de vote.
Interrogé par notre rédaction, Étienne Loua a confirmé l’information tout en pointant du doigt les autorités locales avant de revenir sur sa mésaventure.
“À l’occasion de cette élection présidentielle, j’ai été désigné par mon parti le Bloc Libéral comme rapporteur régional à N’zérékoré. Comme je devais superviser dans la sous-préfecture de Gouéké, j’ai envoyé mon ordre de mission qui a été signé par les 14 bureaux de vote. Et j’ai informé que nous sommes dans le processus, donc nous passerons pour suivre le dépouillement. Effectivement, vers 19h, je passais dans les bureaux de vote pour assister au dépouillement. Et après le dépouillement, je prenais la photo des procès-verbaux. Maintenant, j’ai continué à photographier les procès-verbaux dans les 5 bureaux de vote.
On n’a fait comprendre au président de la délégation spéciale(PDS) de Gouéké qu’il y a le rapporteur régional du Bloc libéral qui est en train de photographier les procès-verbaux devant les bureaux de vote. Le PDS a signalé à un autre bureau de vote que quand je viens là-bas de m’arrêter. Lorsque je suis venu, j’ai compris que c’est le maire qui a donné l’ordre parce que quand je suis venu, dès que j’ai commencé à photographier, on m’a dit c’est toi M. Étienne, j’ai dit oui. J’ai dit mais nous, nous sommes candidats à cette élection, donc nous avons aussi notre centralisation. Ils ont dit qu’ils ne vont pas permettre à quelqu’un d’utiliser le téléphone. Et dans le code électoral, l’usage du téléphone était interdit. J’ai dit non. Je leur ai dit que c’est dans les urnes que le téléphone est interdit mais pas devant les procès-verbaux affichés. Après, ils m’ont dit qu’ils vont prendre mon téléphone. J’ai dit que ce n’est pas possible.
C’est ainsi qu’ils ont appelé le PDS qui était loin. Ils lui ont dit qu’Etienne était là. Ils ont demandé au maire quelle va être la suite. Ce dernier a demandé que l’on retire mon téléphone et de m’arrêter pour me déposer à la gendarmerie. Pour lui, je veux créer des problèmes dans sa juridiction.
Les gendarmes m’ont dit de partir à la gendarmerie. J’ai dit non. Comme j’ai résisté, ils m’ont forcé, ils m’ont tabassé. Ils m’ont retiré le téléphone. Ils m’ont fait monter de force sur la moto. J’étais avec deux gendarmes. L’un est resté devant et l’autre derrière moi. Sur la route, tellement il filait, il nous a fait tomber. Quand il nous a fait tomber, je me suis blessé. J’ai même la blessure sur ma main. Quand je me suis levé, j’ai dit je ne vais plus partir sur leur moto. Ils ont commencé à me tabasser, à m’insulter. L’un d’entre eux m’a dit: C’est vous qui êtes venu pour perturber ces élections? Nous, on va vous montrer que ce pays là, ce n’est pas de la pagaille. Ils m’ont insulté n’importe comment. Mais comme l’autre a commencé à me menacer pour ne pas m’agresser, pour éviter le pire, je suis remonté encore sur la moto”, a-t-il expliqué.
L’étape de la gendarmerie et l’intervention capitale du juge
“Dès qu’on est arrivé à la gendarmerie, ils m’ont jeté dans un violon où je suis resté jusqu’à 00 heure. Lorsque le commandant est venu, on lui a dit que c’est moi qui perturbe les élections à Goueké. On lui a dit que c’est le maire qui a ordonné de m’arrêter et de m’enfermer. Quand je suis sorti, je me suis expliqué au commandant qui m’a dit que mon cas-là était grave. C’est ainsi qu’ils ont décidé d’appeler le juge chargé des élections qui doit décider de mon sort. Le juge leur a dit que si on ne me libère pas, cela va créer des incidents dans cette élection parce que j’ai un ordre de mission et je suis membre du bloc libéral qui a un candidat. Il a demandé que l’on me laisse faire mon travail. Il dit que même si c’est le maire qui a ordonné de m’arrêter, il n’est pas juge. Malgré cette intervention du juge, le PDS demande de garder le téléphone. Ils m’ont libéré vers une heure du matin, mais mon téléphone est resté”, raconte ce proche du candidat Faya Lansana Milimono.
Restitution du téléphone et la suppression des images
“Ce matin, je me suis présenté à la gendarmerie. Le commandant de la gendarmerie m’a envoyé chez le sous-préfet et le maire aussi était sur place. On m’a dit qu’on va me donner le téléphone à condition qu’on supprime tout ce que j’ai pris comme images et vidéos. Ils ont tout supprimé avant de me remettre l’appareil. Ils ont tout effacé même dans la corbeille. Avant de me remettre le téléphone, ils m’ont dit de faire attention parce que je suis petit dans cette affaire”, précise-t-il.
Avant de terminer son récit, Étienne Loua Bolamou affirme avoir remonté toutes les informations au bureau politique national du BL qui, à son tour, a saisi l’avocat du parti. “L’avocat a déjà échangé avec le commandant”, a-t-il indiqué.
Interrogé, Florent Loua, président de la délégation spéciale de Gouéké ne nie pas l’interpellation du superviseur du Bloc Libéral. Il rejette tout de même, les propos selon lesquels, ce proche du candidat Faya Lansana Milimono a été brutalisé.
“Ce sont des fausses accusations. Il était dans un état d’ébriété. Donc, il ne faut pas considérer ces propos qu’il est en train d’avancer. Moi, j’étais en tournée dans les différentes localités lorsqu’on m’a parlé de son cas. Je lui ai dit de quitter parce que pendant les élections, il y a des étapes où l’usage du téléphone n’est pas permis. Si les choses se passent dans les règles de l’art pourquoi créer des faux problèmes. Il était dans un état d’ébriété, c’est pourquoi il nous accuse à tort”, s’est défendu le président de la délégation spéciale de Gouéké.
Aux dernières nouvelles, les 5 bureaux de vote autour desquels il y a eu les incidents entre le superviseur du Bloc Libéral, les forces de l’ordre et l’autorité communale n’auraient pas été validés. “Il s’agit des plus grands bureaux de vote installés à la maison des jeunes de Gouéké. Pour le moment, nous ignorons les raisons de la non validation de ces bureaux de vote par le juge chargé des élections dans cette localité”, nous confie M. Étienne Loua Bolamou.